Le triage forestier de la Cime de l’Est gère 2’000 hectares de forêts

22 avril 2022
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En fonction depuis 1983, l’ancien garde forestier Jean-Michel Richard laisse la place à Julien Croset. L’occasion d’évoquer leurs rôles et les différentes activités du triage.

Lorsque Jean-Michel Richard a été nommé garde-forestier, il avait tout à mettre en place pour que le triage soit géré de manière professionnelle. « Les Bourgeoisies de Mex, Evionnaz, Massongex, Vérossaz et Saint-Maurice ont signé une convention forestière en décembre 1982, avant cela les différentes forêts étaient gérées, pour la plupart, par des aides forestiers qui n’étaient pas forcément formés pour cela, explique le jeune retraité. Lorsque j’ai pris mes fonctions en 1983, je n’avais que 26 ans. La première année a été difficile, mais j’ai bien été soutenu par les comités en place. J’avais comme objectif d’améliorer l’entretien des forêts. A l’époque, elles étaient principalement exploitées pour la production de bois.» 

Le Valais compte 34 triages, chacun d’entre eux est dimensionné de façon à pouvoir engager un garde forestier à plein temps. Celui-ci assume les différentes tâches légales sur le territoire communal et gère les forêts des bourgeoisies qui l’emploient, regroupées au sein d’un triage forestier. En tant que responsable d’une entreprise publique, il a pour mission, d’une part, de veiller à la bonne gestion économique de cette dernière; d’autre part d’entretenir les forêts de protection, de s’assurer de leur conservation et de maintenir leur rôle social.

En 38 ans de carrière au sein du Triage de la Cime de l’Est, Jean-Michel Richard a formé pas moins de 25 apprentis, il a vu naître Calorabois et le centre forestier, il a affronté la tempête Viviane et a vu le commerce du bois changer radicalement. «Le bois est devenu une denrée industrielle, explique-t-il. Les scieries locales ont progressivement cédé la place à de grosses scieries industrielles. Désormais, 80% de nos forêts ont un rôle de protection. » 

Eviter les dangers naturels tels que les glissements de terrain, les avalanches, les chutes de pierres, voilà à quoi servent l’entretien de tous ces hectares

« Le rôle de garde-forestier évolue énormément, explique Julien Croset, le successeur de Jean-Michel Richard. Aujourd’hui, la protection de la nature est au cœur de mon métier. »

Et Julien Croset de préciser : « La sylviculture privilégie le rajeunissement naturel des forêts. Les changements climatiques nous forcent à adapter la stratégie d’entretien des forêts de protection : certaines essences sèches, les parasites prolifèrent, le bois attaqué perd de sa valeur marchande, l’effet protecteur est affaibli. A l’avenir, certaines essences seront à favoriser. »

Les interventions forestières doivent maintenir ces forêts dans un état qui leur permettent de remplir leur fonction de manière optimale et sans interruption. L’évolution naturelle de ces forêts passe par des phases de décrépitude (vieillissement, effondrement). Il est donc primordial d’assurer un processus de rajeunissement continu. Les forestiers pratiquent donc une sylviculture durable indispensable.

Une partie du bois est toutefois encore utilisée pour la fabrication de mobilier urbain, pour du bois de feu, des plaquettes forestières (sortes de copeaux), entre autres.

À noter que la gestion du triage est supervisée par une commission inter bourgeoisiale composée de dix membres, deux par Bourgeoisie. Le triage emploie aujourd’hui un garde, quatre forestiers bûcherons et deux apprentis.

 

La convention signée en 1982 a été modifiée en 2009 et depuis 2012, l’équipe s’est installée dans ses locaux actuels de la route cantonale. 

Au moment de souhaiter une bonne retraite à Jean-Michel Richard, les 

« bordzets » tiennent à le remercier pour ses 38 années de bons et loyaux services et pour sa gestion durable des forêts locales, un métier qu’il a exercé avec passion, disponibilité, humanité et bonne humeur. 

Et que pense l’intéressé de sa longue carrière et de sa fidélité au Triage de la Cime de l’Est ? : « Alors qu’un horticulteur peut constater le fruit de son labeur après quelques mois, le garde forestier n’a pas toujours la chance de voir les résultats de ce qu’il a entrepris. En ayant fait toute ma carrière ici, j’ai eu la grande satisfaction de voir le résultat d’un travail initié il y a plusieurs décennies. » Et Julien Croset de conclure : « Le triage change et cela implique un effort considérable de la part de tous, Présidente, secrétaire, membres du comité, bûcheron et apprenti. Cependant, j’ai à cœur de souligner que ces changements n’auraient pas été possible sans la présence d’une personne en particulier, Jean-Michel. »

 

Bios express

Jean-Michel Richard
Naissance : 22.08.1958 à St-Amé, Saint-Maurice
Domicile : Saint-Maurice
Etat civil : marié, père de trois enfants et grand-père de trois petits-enfants (7, 5 et 2 ans) et deux autres sont en chemin
Formation : Diplôme de commerce au collège de Saint-Maurice en juin 1975, la même année, commence un CFC de forestier bûcheron à Lavey, puis l’école de garde forestier à Lyss en 1982. Il est engagé au triage forestier de la Cime de l’Est en 1983. Pré-retraité depuis le 1er janvier 2022
Passions : la chasse, les randonnées à pied ou à ski, sa région et son histoire, le chant
Julien Croset
Naissance : 07.11.1991 à Vevey
Domicile : Vérossaz
Etat civil : marié, père de trois enfants (5 ans et demi, 4 et 2 ans)
Formation : CFC de forestier bûcheron, formateur d’apprentis, experts aux examens, garde forestier à Lyss. Employé du triage de la Cime de l’Est depuis 2013, puis garde forestier depuis le 1er janvier 2022
Passions : lutte gréco-romaine, histoire, philosophie
Un tiers du canton

La forêt valaisanne couvre près du tiers de la surface du canton, soit environ 120’000 hectares, dont 86% appartiennent aux bourgeoisies. Chaque année, cette surface augmente à raison d’un millier d’hectares. Il est donc important d’intervenir de manière ciblée pour préserver le paysage ouvert des vallées et éviter que des terres agricoles soient perdues et que cela diminue encore davantage la biodiversité locale.

Le rôle du Service des forêts, de la nature et du paysage du canton est de conseiller les propriétaires dans la gestion de leurs peuplements forestiers et de les soutenir dans leurs tâches d’intérêt public par le versement d’indemnités financières, notamment dans le cadre de l’entretien des forêts de protection.

Les forêts de la Noble Bourgeoisie

Sur la totalité des 2033 hectares gérés par le triage, 550 appartiennent de la Bourgeoisie de Saint-Maurice et sont sis sur les communes de Saint-Maurice, d’Evionnaz et de Vérossaz. Le patrimoine forestier agaunois comprend également la réserve forestière du Bois-Noir, qui propose des parcours sportifs et deux sentiers didactiques, tous entretenus en collaboration avec la Municipalité de St-Maurice.

Article extrait de la publication « Le Bourgeois » No 2 – avril 2022